Les contes du cerf

Les créatures humaines construisent des fauteuils somptueux pour s´ assoir loin de la terre.
Savent-ils que, cherchant à s´élever, ils sont en train de chuter?
Si l´homme a peur de s´ assoir sur la terre, quelque chose de mauvais est arrivé à son âme.

Liliana Bodoc, La Saga de los Confines, Los días del fuego.

On pourrait commencer par dire que Les contes du cerf c´est une pièce de théâtre de marionnettes et de théâtre de masque.

Mais en vérité, c´est une pièce à propos de la Forêt.
À propos de la Forêt et son ennemi.

À propos des peuples qui ont toujours vécu en famille avec leur entourage et aussi à propos de ce qu´on appelle Civilisation, ce mot inventé et répété dans le sang depuis quelques milliers d´années, et qui cherche à modeler le monde selon ses lois d´avidité et de confort.

Et à l´intérieur de nous, les deux: la Forêt et son ennemi. L´intuition de faire partie d´un monde sauvage et infini et en même temps un quotidien rempli de préoccupation matérielles et d´objets… civilisés.

Dans une ville blanche, dans une chambre blanche, se trouve un homme blanc éduqué pour rêver un monde blanc où tout est planifié et ordonné. Son rythme est celui de l´horloge, mécanique et artificiel.

Mais même dans le Château fort le plus calfeutré, il y a des brèches. La nuit, ses rêves échappent au contrôle de son mental rationnel, et deviennent la fenêtre où se glisse le monde du Cerf pour lui parler de temps différents: les temps sans temps des peuples des terres fertiles1 qui sont encore là, résistant de multiples manières à l´invasion de leur territoire physique et imaginaire. Des peuples qui continuent de faire famille avec chaque élément du cosmos, et à tisser l´Abya Yala1.

Mais… Pourquoi le cerf?
Une des sources d´inspiration de la pièce est la triologie La Saga de los Confines écrite par l´auteure Argentine Liliana Bodoc. Selon ses propres mots: « La figure du Cerf fait référence à une vision du monde, une manière de vivre et de mourir. L´armée du Cerf c´est le peuple originaire des Terres Fertiles luttant contre ses envahisseurs.” Le cerf est présent dans tout le continent comme un animal plein de compassion et de sagesse lié à la Forêt.

Le voyage
Les Contes du Cerf est une pièce qui se créé en voyageant, en rencontrant les différents peuples, en écoutant leurs histoires de résistance, et en leur racontant à travers du théâtre les luttes connues sur la route. C´est une pièce qui se créée et se représente comme un troc de récits d´espoir: une histoire contre une autre, pour colporter la voix du cerf, la voix de la forêt; pour aider à tisser la narration de la résistance tout au long du continent.

C´est une pièce comme un casse tête, ou plutôt comme un assemble-coeurs: ce n´est jamais la même, elle n´a pas de fin. Elle grandit grâce à chaque nouveau récit, elle se transforme au fil du voyage.

En 2019, nous avons réalisé notre premier voyage à Sitka, Alaska. Nous y avons réalisé notre première résidence de création. Alors que nous étions en train de créer les premiers esquisses du monde de l´Homme blanc, nous avons connu le peuple Tinglit, ses luttes, et ses chants qui continuent de résonner dans les forêt de pluie.

Et nous voilà maintenant dans notre maison dans le Cauca, accueillis et entourés de la communauté Nasa, en train de rêver, dessiner, fabriquer une marionnette de cerf taille réelle fait de matériaux naturels. Nous planifions aussi notre prochain voyage pour rencontrer le Peuple Uwa, dans la Sierra Nevada de Cocuy.

En ce moment, cette création n´a pas de soutien financier, et est donc autogérée. Nous faisons donc appel à notre réseau d´amitiés pour soutenir la suite de l´aventure. Grâce à votre soutien, nous espérons pouvoir aller rencontrer le peuple Uwa et terminer la première étape de la création de la pièce qui ouvrira le chemin au Cerf pour continuer son voyage!


Ce projet tend à voyager tout au long du continent de l´Abya Yala pour visiter différents peuples de la terre et collecter des histoires, des chansons, des symboles qui alimenteront la voix du Cerf dans les rêves de l´Homme blanc. Cette voix, c´est la voix de nos Anciens et de nos Anciennes, c´est aussi la voix de la Forêt qui veut que l´humanité se reprenne.

  1. Abya Yala en lengua del pueblo Kuna es traducido como Tierra en florecimiento o Tierras Fértiles; éste nombre ha sido adoptado por distintos pueblos originarios del continente para reemplazar el nombre europeo de América eliminando así las fronteras imaginarias entre Norte y Sur. [] []

Nous sommes actuellement en train de construire une marionnette de cerf taille réelle en matériaux naturels pour la pièce et de planifier le prochain voyage des Contes du Cerf chez le peuple Uwa dans la Sierra Nevada del Cocuy. Vous pouvez nous soutenir à travers de ce lien.